Extrait du Bulletin n° 297, janvier 2024

« Lorsque le Maître parait, c’est comme un soleil qui se lève dans le cœur du disciple ; tous les nuages s’évanouissent ; toutes les gangues se désagrègent ; une clarté nouvelle s’épand, semble-t-il, sur le monde ; l’on oublie amertumes, désespoirs et anxiétés : le pauvre cœur si las s’élance vers les radieux paysages entrevus sur lesquels la paisible splendeur de l’Eternité déploie ses gloires ; plus rien de terne n’assombrit la Nature ; tout enfin s’accorde dans l’admiration, l’adoration et l’amour »1.

Cette phrase que je viens de vous lire et qui nous sert d’introduction a été écrite par Sédir. Nous devons convenir qu’il Il n’est pas possible d’écrire un pareil témoignage si celui qui l’écrit n’a pas été lui-même témoin et même acteur de la rencontre qui est ici suggérée. Sédir grand chercheur d’absolu et en même temps grand connaisseur de l’âme humaine nous transmet son expérience et nous partage le cadeau que le Ciel lui fit en lui permettant de rencontrer son idéal dès ici-bas.

Emile Besson, l’écrivain et ami de Sédir, que j’ai eu le privilège de rencontrer nous dit à ce sujet : « Tout être quel qu’il soit, rencontrera un jour son idéal, l’idéal auquel il aura voué son cœur, ses élans et ses fatigues ; il le rencontrera face à face, non pas théorique et abstrait, mais vivant, substantiel ; il pourra le contempler, le voir dans son apparence la plus sensible, lui parler, entendre sa voix »2. Emile Besson confirme ici ce que Sédir nous confiait lui-même juste avant. Mais pour nous quel est cet idéal dont Sédir et Emile Besson nous parlent ? Avant de répondre à cette question revenons un instant sur la suite du message de Sédir : « Dès les dernières années du précédent siècle, une série de circonstances favorables m’avait mis à même de comparer un certain nombre de systèmes suivis par les hommes pour la vie intérieure et d’acquérir une double certitude : la primauté du Christ sur tous les initiateurs religieux et la continuité de son intervention précise à travers les siècles, les bouleversements sociaux et les discordes philosophiques »3.

Pour nous aux Amitiés Spirituelles nous partageons cette découverte et nous reconnaissons Jésus Christ en tant que Vérité incarnée et en tant que maître de la Vie, nous voyons bien en lui sa primauté sur tous les autres initiateurs religieux. Nous pouvons partager cette foi parce que, dans un premier temps, beaucoup d’entre nous furent d’abord des chercheurs dans les milieux ésotériques, les philosophies ou les diverses religions, et parce que, dans un second temps, après bien des désillusions nous sommes tous arrivés à la même certitude intérieure recevant directement cette vérité en nos cœurs.

Mais qu’en est-il aujourd’hui pour nos contemporains ? D’un côté, l’humanité bénéficie de moyens de connaissance et de communication sans précédent et, d’un autre côté, individuellement les hommes qui cherchent un sens à leur vie semblent encore plus perdus qu’ils ne l’étaient déjà avant. La profusion des savoirs, les informations en continu, la diffusion volontaire de confusions habilement construites nous entrainent dans des marécages de pensées sans issue. Nous voyons beaucoup de nos contemporains se fatiguer dans un processus d’égarement sans jamais trouver de réponses satisfaisantes. Le monde et son espace technico-médiatique se chargeant d’emplir nos vies et nous voilant la possibilité de l’existence d’un monde surnaturel. L’éparpillement de la concentration entrainant la confusion de la pensée et finalement retardant le moment de cette rencontre que nous espérons au plus profond de nous-mêmes. Il faut être bien conscient qu’il existe dans le monde des forces attractives qui, déployées autour de nous, ont pour but de nous masquer l’accès possible aux dimensions spirituelles. En prenant beaucoup de hauteur, Sédir avait de son temps exprimé les choses avec ses mots : « Les grands penseurs, les grands réalisateurs, les grands artistes ne manquent pas à notre siècle : ce sont les saints qui se raréfient : ou pour parler plus modestement, il nous manque des disciples véritables de Jésus, des êtres qui soient tout amour »4.

Avant de continuer je reviens à ce que nous disait Emile Besson : « Tout être quel qu’il soit, rencontrera un jour son idéal, l’idéal auquel il aura voué son cœur, ses élans et ses fatigues »5. L’espoir présent derrière cette phrase nous indique un chemin, il nous révèle et nous rappelle que la route de la vie avec le cœur comme principe de conduite nous refera découvrir la lumière et la vérité que nous avons tous en nous. Tout à l’heure Précédemment je rappelai comment Sédir après toutes ses recherches, était arrivé à une double certitude, je la rappelle : « La primauté du Christ sur tous les initiateurs religieux et la continuité de son intervention précise à travers les siècles »6. Après cette redécouverte voici maintenant ce qu’il nous propose : « Il me semble possible dit-il, en conséquence, de ressaisir le fil que d’âge en âge se transmettent les serviteurs de Jésus, de ramener sur cette lueur jamais éteinte les regards de la foule du sein de laquelle peuvent jaillir les bonnes volontés qui s’ignorent ; puis d’exercer celles-ci aux travaux de l’Evangile afin qu’elles concourent par libre et unanime accord à la prolongation de ce fil sauveur, à la prolongation des bonnes semences confiées à la terre depuis deux mille ans »7.

Avant de poursuivre rappelons-nous cette phrase du philosophe Pascal qui disait « le cœur a ses raisons que la raison ne connait pas »8. Ce simple rappel nous met face à nous-même et nous redit toute la complexité de notre âme. Notre vie intérieure est une bataille, souvent nous cherchons Dieu sans le savoir et souvent notre désir de bonheur n’est autre que l’appel en nous de la rencontre avec Lui. Si nous percevons tout l’enjeu de ce combat intérieur, alors nous sommes disposés pour que la phrase d’Emile Besson, citée tout à l’heure puisse devenir aussi réalité pour nous.

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1 Sédir, Les forces mystiques et la conduite de la vie, Bilhorel-lez-Rouen, Bibliothèque des Amitiés Spirituelles, 1923

2 Sédir, Fragments, Bibliothèque des Amitiés Spirituelles, 1954

3 Sédir, Quelques Amis de Dieu, Bilhorel-lez-Rouen, Bibliothèque des Amitiés Spirituelles, 1923

4 Sédir, Aimons notre prochain, Bilhorel-lez-Rouen, Bibliothèque des Amitiés Spirituelles, 1923

5 Sédir, Fragments, Bibliothèque des Amitiés Spirituelles, 1954

6 Sédir, Quelques Amis de Dieu, Bilhorel-lez-Rouen, Bibliothèque des Amitiés Spirituelles, 1923

7 Id.

8 Pascal, Pensées, Bordas, 1949